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Retour sur ISPO 2017 à Münich (Allemagne)

ISPO2017 2 - Armelle Solelhac - SWiTCH

Tous les ans, c’est la même histoire : toute l’industrie de l’outdoor et du sport s’installe à Münich (Allemagne) pour une intense semaine de salon, rencontres, sourcing, apéros endiablés et dégustation de Bretzels. 85 000 visiteurs venus de 120 pays et pour la 5ème année consécutive, nous étions parmi eux ! SWiTCH a en effet arpenté les dédales de ce véritable labyrinthe qu’est Messe München pour prendre le pouls de l’industrie, dénicher les nouvelles tendances et rapporter quelques pépites. Voici nos impressions à chaud et en direct du lounge VIP de la 45ème édition d’ISPO.

L’adaptation aux évolutions du marché

L’ajustement des marques aux évolutions du marché que nous avions expliqué en 2014 commence doucement à se mettre en œuvre. On voit ainsi apparaître de plus en plus de produits évolutifs ou multi-usages « sport et urbain ». On peut citer à titre d’exemples Oakley – avec des poches rectangulaires et des fits plus amples, Picture Organic Clothing – avec des dégradés de couleurs, des imprimés photos ou motifs ethniques et, d’une manière générale beaucoup de couleurs automnales – ou encore Black Crows. Cette dernière marque reconduit sa collection de vêtements « Corpus » et va décliner prochainement une collection lifestyle « Traverse », ainsi que les sacs « Dorsa » (en 18 et 27 litres) utilisables aussi bien en ville qu’en montagne. Pour cela, la marque chamoniarde adopte les codes de la ville avec un beau travail sur des coupes plus droites et moins près du corps, des cols originaux, des écussons, des pressions (partout !), une capuche rétractable avec un système de zippers – « pour aller plus vite sur les pistes ! » nous a confié Julien Regnier en personne – et la possibilité de mélanger les couleurs entre les hauts et les pantalons de façon à ce que cela reste portable en toutes circonstances. Lafuma a aussi adopté le « mix & match » des coloris de ses vêtements pour offrir plus de liberté de choix et mieux coller à la versatilité des attentes des clients.

Les couleurs de l’hiver 2017/2018 sont le bleu marine, le jaune et le orange… aussi fluo que possible ! Les traitement mats ont le vent en poupe, mais paradoxalement les produits contenants de la lumière pour mieux se signaler aux autres semblent faire une percée.

ISPO2017 6 - Armelle Solelhac - SWiTCH

Enfin, comme nous l’avions remarqué l’année dernière, les gammes de ski de randonnée continuent à s’élargir. La marque suisse Movement présente ainsi pas moins de 20 modèles ! Même le snowboard, qui est en chute libre depuis de nombreuses années, semble connaître un petit regain grâce aux différents splitboards, chez Rossignol notamment, avec son modèle « Sushi » qui nous a beaucoup plu.

ISPO 2017 - Armelle Solelhac - SWiTCH 5Crise de confiance et l’étendard du développement durable

Pour se donner plus de consistance en ces temps de vache maigre, comme si le manque d’innovation et de renouvellement privait les marques de belles histoires à narrer, elles se racontent à grands coups de « missions statements » et clament (trop ?) haut et (trop ?) fort leurs « core values ». Elles revendiquent leurs origines françaises, norvégiennes, allemandes ou encore américaines pour mieux faire oublier que leurs produits sont en fait fabriqués en Asie. Elles reviennent sans cesse sur leur parcours, leurs innovations passées, les accomplissements des quelques rares athlètes qu’elles soutiennent encore du bout des doigts. Toutes les composantes de la parfaite plateforme de marque y passent, mais rien n’y fait : la confiance en la reprise économique n’est pas encore vraiment là.
ISPO2017 4 - Armelle Solelhac - SWiTCH

ISPO2017 3 - Armelle Solelhac - SWiTCHAlors pour se rassurer, elles brandissent l’étendard du développement durable et des efforts qu’elles consentent à réaliser pour être « plus propre », « plus honorable » et « plus désirable », parce qu’elles ont enfin compris que c’est désormais devenu un véritable critère de choix pour les consommateurs.

ISPO2017 1 - Armelle Solelhac - SWiTCH

Retour sur ISPO 2016

In flight Entertainment - SWiTCH

Comme tous les ans, nous sommes allés au salon ISPO à Münich, grande messe annuelle et internationale du monde de l’outdoor. Nous avons flairé les tendances et les signaux faibles pour 2017. Résumé.

Sobriété et ouverture
Nous n’avons pas encore eu le chiffre officiel quant au nombre de visiteurs du salon à l’heure où nous écrivons ces lignes, mais de l’avis général la fréquentation est beaucoup moins dense que d’habitude pour les 3 premiers jours. Certaines très grandes marques ont du faire des coupes drastiques dans leur budget marketing, la taille des stands a diminué, certaines s’associent pour mutualiser les coûts et d’autres sont tout simplement absentes (DaKine pour n’en citer qu’une). Ca circule facilement dans les allées et sur les stands. Les portes autrefois désespérément fermées de certaines marques s’ouvrent enfin à tous. Fini les postures arrogantes ou condescendantes, désormais toute personne est un client potentiel.
Baselines2017

La fin du dépassement des limites et la montée du ludique
L’ère du « pushing the limit » semble presque terminée pour faire place à celle du snacking d’expériences ludiques, du confort, du naturel et du pratique. A grand renfort de baselines, les marques outdoor glissent vers une approche plus réaliste des pratiquants et de leurs comportements de consommation. Le meilleur exemple de ce phénomène est bien la fin du ski de randonnée en mode « collant-pipette », où il fallait se brûler les poumons pour avoir réussit sa sortie, au profit de la poussée du « free rando » – qui a commencé sa montée en puissance depuis 2007 – et devrait atteindre son apogée d’ici deux ou trois saisons. Nous avons ainsi pu observer que les marques proposent plusieurs modèles de ski de randonnée, ainsi qu’une gamme de plus en plus profonde de split boards, là où il y a encore un ou deux ans seulement elles n’en proposaient qu’un seul modèle, voire aucun. Dans cette lignée, il y a une place de plus en plus prégnante des produits destinés à la pratique du trail running chez certains équipementiers, dont Salomon qui semble presque vouloir faire oublier qu’elle était une marque de ski à l’origine.
Ludique - Picture Organic Clothing 2017

Des produits pratiques et évolutifs
Nous avions déjà remarqué l’année dernière que les marques avaient porté leurs efforts sur la création de vêtements pratiques, multi-usages et évolutifs en fonction des modes de vie des utilisateurs. Ainsi, la marque allemande Mamalila a présenté sa gamme de vestes pour femmes enceinte, qui se transforment, par un jeu d’inserts en tissu, une fois que l’enfant est né en permettant de le porter bien au chaud contre soi, sur son ventre ou dans le dos. Il existe des modèles pour les messieurs aussi !
Mamalila

ZAMST propose de son côté la MS-K tape, qui permet de se faire un strapping comme un pro sur les chevilles, les genoux, la voûte plantaire et les mollets. Bien pensé, avec des numéros à suivre comme un jeu d’enfant, ce produit permet d’inhiber la douleur, de libérer les tensions sur la zone traitée et d’activer la proprioception (15 € en magasin).

ZAMST MS-K

Des couleurs vives, des coupes et des détails soignés
Fini les pastels de 2016, en 2017 on assume les couleurs vives ! Violet, bleu vif, vert, du orange par petites touches sont au menu de toutes les marques, que ce soit pour les vêtements, les accessoires ou le hardware.

Chaussures violettes 2017
Vêtements violets 2017
Accessoires violets 2017
Vêtements Bleus 2017
Accessoires Bleus 2017
Vêtements Verts 2017
Accessoires verts 2017
Skiboots vertes 2017 Skis verts 2017
Casques Verts 2017 - SWiTCH Chaussures vertes 2017
Les coupes sont précises et les détails soignés, les designers ont joué avec les matières, que ce soit pour leurs formes ou leurs propriétés techniques : de larges scratchs aux manches (Helly Hansen), des renforts sur les cuisses insérés dans les pantalons en cas de chute (Black Diamond), des chaussures de trail profilées comme des chaussures de course sur piste (Salomon), des chaussures de Freeride avec trois crochets et un scratch oversize (K2), des tissus à « caissons d’isolation » (Icebreaker), des mélanges improbables de matières sur les vêtements comme les accessoires (Picture Organic Clothing et sa casquette à visière en liège, henjl et ses pulls néo-classiques), etc.

Attention aux détails

K2 2017 - 3 crochets et 1 strap

Henjl 2017
Salomon 2017

L’évaluation et le partage de l’expérience
Cette année encore, pas d’innovation renversante. On signale tout de même le travail de In & Motion avec son airbag directement intégré à la tenue des coureurs en ski alpin. Le produit développé en Haute-Savoie, grâce au cabinet Conicio, en partenariat avec la marque suédoise POC avait déjà fait sensation il y a tout juste deux semaines lors du CES de Las Vegas.
In&Motion
D’une manière générale, les marques ont soit déployé leurs propres applications mobile pour aider les utilisateurs à partager leurs expériences avec le produit (Ex : Rossignol) auprès de leurs proches, soit développé des produits « wearables » permettant de suivre en temps réel ses performances et, bien entendu, de les partager sur les réseaux sociaux. A titre d’exemple, Reimago glisse des puces dans les vêtements des enfants pour suivre leur activité physique. Ces dernières sont reliées à une application iPhone, qui permet en temps réel de savoir si l’enfant s’est suffisamment défoulé dans la journée. Il est possible de comparer l’activité physique de plusieurs enfants sur la même application et de leur lancer des challenges sportifs. Il faut tout de même compter 50 euros pour une puce et l’application mobile. La marque a reçu un Scandinavian Outdoor Award 2016 pour cette innovation, qui, soyons honnêtes, nous a laissé un peu perplexes. A la marge, certaines marques présentent désormais leurs produits en situation grâce à l’oculus rift et à la réalité virtuelle.
Wearable & mobile app 2017

 

[SWiTCH Initiative] ITW de Julien Durant de Picture Organic Clothing… 5 ans plus tard !

Depuis 2011, nous rencontrons régulièrement des chefs d’entreprises passionnés qui font bouger les lignes en créant des produits ou des services directement inspirés de leurs pratiques sportives ou de leur philosophie de vie. Il y a 5 ans, SWiTCH avait rencontré Julien Durant, co-créateur de Picture Organic Clothing. A l’occasion d’un déjeuner, il nous a livré son regard sur l’évolution de sa société, ses facteurs clés de succès et sa vision pour l’avenir. Interview « no bullshit ».

Julien Durant - Picture Organic Clothing - Portrait

SWiTCH : Quoi de neuf chez Picture Organic Clothing depuis décembre 2011, date de notre dernière ITW ? Quels sont les grands événements ou étapes que vous avez franchis en matière de développement d’entreprise et de marque ?
Julien Durant (J.D) : Je n’aurai pas une approche chronologique pour répondre à ta question, mais plutôt thématique. Nous avons beaucoup travaillé sur 4 sujets principaux :

  1. Le produit : Le produit et le travail de R&D est en place depuis la création de l’entreprise. Notre rencontre avec Henry Soulier nous a vraiment permis de passer à l’étape supérieure. Le travail avec Jonathan & Fletcher était formidable, nous avons beaucoup appris et cela nous a permis de travailler à l’échelle européenne. Mais il nous fallait passer d’une approche artisanale à une approche industrielle pour pouvoir entrer dans la cour des grands au niveau de l’innovation.
  2. La démarche écologique et développement durable : depuis 2013, nous avons poussé encore plus loin notre approche « no bullshit » du sujet. Nous avons mis en place un partenariat avec l’agence AIR pour nous accompagner dans la réalisation d’un audit complet du cycle de vie de nos produits. Nous avons particulièrement insisté sur la fin de vie des produits. Cette étape cruciale est désormais intégrée dès la conception des lignes textiles et accessoires. Notre démarche a été couronnée d’un premier ISPO Eco Award en 2014 pour la veste Welcome, qui est 100% recyclable, et d’un second en 2015 pour notre casque 100% éco-conçu. Nous avons ensuite réalisé un gros travail d’optimisation de la démarche globale de l’entreprise. Ce qui nous conduit au 3ème point : le développement social.
  3. Le développement social : Nous nous sommes interrogés sur le rôle de notre entreprise au sein de la société. On s’est aussi demandé ce qu’on faisait pour nos salariés. Nous avons donc décidé que pour tous les salariés qui avaient un projet personnel à caractère caritatif dans le cadre d’une association serait 100% pris en charge par l’entreprise. Ainsi, s’ils ont envie d’aller sauver les tortues à l’autre bout du monde pendant leur congés ou construire une école en Afrique pendant leur week-end, nous prenons en charge leur frais. Il ne s’agit pas de leur payer leurs vacances, mais de contribuer à leur permettre de rendre le monde meilleur ! Deux conditions pour la mise en œuvre de ce dispositif : avoir une lettre de mission de l’association décrivant le projet et que ce dernier soit à vocation sociale ou environnementale. Inutile de dire que nos collaborateurs ont trouvé l’idée motivante : ça donne du sens à ce qu’ils font au sein de Picture Organic Clothing et aux valeurs qu’ils portent au quotidien dans leur cadre professionnel. Nous allons par ailleurs créer une plateforme de crowdfunding pour soutenir des causes ou des projets entrepreneuriaux. Nous choisirons les projets que nous préférons pour les soutenir. Enfin, l’ensemble de nos athlètes sponsorisés a l’obligation de transmettre un message de sensibilisation à l’environnement et au développement durable dans leur prise de parole sur les média sociaux ou dans leurs vidéos. De cette façon, le message touche le plus grand nombre et petit à petit les gens prendront conscience de l’importance de protéger l’environnement.
  4. La diffusion : La marque a pris une aura internationale, elle est crédible et reconnue sur le marché international. Nous sommes désormais présents sur 150 points de vente en Amérique du Nord, 650 en Europe et une trentaine en Asie/Pacifique. La marque n’est pas assimilée à une marque française, mais à une marque globale. Cela permet l’adhésion de toutes les cultures et c’est un point fort pour l’avenir.

Julien Durant et les co-fondateurs de Picture Organic Clothing

SWiTCH : Quelles sont, selon toi, les facteurs clés du succès du développement de Picture ?
J.D : Les clés de notre bon développement résident, d’une part, dans notre démarche « no bullshit » en matière de développement durable. Nous ne sommes pas des opportunistes, nous ne suivons pas un effet de mode en la matière. C’était inscrit dans notre ADN de marque dès la création. Dans la même ligne, nous ne sommes pas vénaux ! L’argent n’est pas notre motivation première, nous n’avons pas besoin d’argent pour exister. Ce qui nous motive davantage, c’est de pouvoir assouvir nos loisirs – snowboard, wakeboard, randonnées en montagne, etc. – d’avoir de la reconnaissance sociale et surtout de briller dans les yeux de nos proches, nos pères en particulier… Nos clients le sentent bien et c’est aussi ce qui explique qu’il y a une adhésion multi-générationnelle, de 15 à 50 ans, autour de Picture Organic Clothing. D’autre part, nos produits présentent un excellent rapport qualité-prix. Nous avons fait de grandes concessions pour arriver à ce résultat, puisque notre marge n’est que de 39% quand nos concurrents se réservent 50%. C’est aussi pourquoi nous ne faisons pas de solde ou d’offre discountée. Les produits sont toujours vendus aux mêmes prix et le marché accepte de les tenir. Enfin, le dernier facteur, qui lui aussi est très fort depuis le départ, ce sont tous les efforts que nous menons en matière d’innovation sur les produits. Nous cherchons en permanence à améliorer nos produits et à n’en sortir de nouveaux – sacs, casques, etc. – que lorsque ceux-ci amènent vraiment quelque chose de nouveau sur le marché que ce soit dans leur composition et leur processus de fabrication ou dans le design.

SWiTCH : Ride For Future, Rider/protéger/partager, près de 8 ans après la création de Picture, vos valeurs sont elles toujours les mêmes ou ont-elles changé ?
J.D : Ca n’a pas bougé d’un pouce ! Il n’y a pas de dilution du discours et c’est ce qui fait que nous avons tant d’adhésion et d’affecte autour de la marque. Ca aussi c’est l’un de nos facteurs de succès !

SWiTCH : Quelle ont été vos plus grandes difficultés ces 5 dernières années ?
J.D : Je n’en vois pas vraiment, tout a été assez fluide. Il a fallu cravacher : on a rien sans rien ! Mais nous n’avons pas eu de gros coup dur. Nous avons a eu une gestion en bon père de famille et nous avons investi raisonnablement. Nous avons par contre eu à relever deux défis. Le premier est lié au fait que notre activité est très saisonnière et que l’été ne décolle pas autant que ce que nous voudrions. Cela ne représente que 15% de notre chiffre d’affaire. C’est pour cela qu’en 2016, nous nous lançons dans la wetsuit, afin de rééquilibrer et pérenniser l’activité. Le second était lié au service client, car nous avions de gros problèmes de facturation et de livraison. Pour y palier, nous avons beaucoup embauché sur des postes liés à la comptabilité, à la logistique, à la gestion administrative, etc. Depuis 2015, nous avons enfin une plateforme BtoB et notre service client est devenu honorable.

Julien Durant - Picture Organic Clothing

SWiTCH : Vous êtes sur le marché US désormais ? Comment vous êtes vous lancé ? Quelles difficultés ? Quelles surprises ?
J.D : Nous avons en effet investi le marché nord-américain par le biais d’un représentant sur place que nous partageons avec plusieurs marques (dont Black Crows, ndlr) pour mutualiser et diminuer les frais fixes, et être présent sur les quinze salons les plus importants aux USA.

Le marché américain local est très important et très maillé. Il est donc très difficile d’y pénétrer. Le cours Euros-Dollars ne facilite pas non plus les choses… Pour y faire de bonnes affaires, je recommande de ne surtout pas y aller seul et de trouver le bon partenaire sur place. Il faut être introduit et savoir faire parler de soi en amont. Il est nécessaire d’être beaucoup plus personnel dans les relations avec les retailers.

SWiTCH : Comment vois-tu Picture dans les 5 à 10 prochaines années ? Quelles sont les prochaines étapes à franchir pour la marque ? Quels projets avez-vous ?
J.D : Nous envisageons un chiffre d’affaire de 15 millions d’euros en 2016. Nous ne souhaitons pas faire entrer de nouveaux investisseurs. Nous voulons rester chez nous ! Cela nous évite de faire des reportings au kilomètre et nous permet d’aller rider quand nous le voulons sans avoir à s’en justifier. Si nous achetions un outil industriel, comme une usine, alors il le faudrait surement, mais ce n’est pas notre intention. Nous souhaitons surtout développer notre chiffre d’affaire à hauteur de 40% sur le marché de l’eau pour désaisonnaliser la marque. C’est un gros challenge, mais notre facteur clé de succès est un produit de très haute qualité au bon prix.

Julien Durant - Picture Organic Clothing - Leisure

Nous n’aspirons pas à la grande distribution, cela ne correspond pas à notre ADN de marque. Par contre, nous aimerions développer un réseau de points de ventes franchisés. Il faut aussi que nous continuions à légitimer la marque par le haut pour la rendre plus intemporelle et non plus « à la mode ».

Enfin, nous voulons descendre en ville par le biais des retailers et de concepts stores. Nous devons devenir un acteur urbain.

J’aimerai qu’on accède à l’échelle de Patagonia d’ici 10 ans… mais eux, ça leur a pris 40 ans !

SWiTCH : Qu’est-ce qui a changé ces 8 dernières années, depuis la création de la marque ? Process de fabrication ? Gestion d’équipe/RH ? Flux financiers ? Composition de l’équipe dirigeante ?

J.D : Nous sous-traitons de nombreux postes clés à des freelances ou des sociétés spécialisées. Ainsi les RH sont gérées par un cabinet, parce que c’est vraiment pénible. On en fait des tonnes sur ce sujet pour pas grand chose au final. Par contre, le management ne passe que par une approche humaine et par la motivation. Ainsi le bien-être au travail et un fort sentiment d’appartenance à l’équipe sont les points les plus importants auxquels nous sommes très vigilants. Nous vivons ensemble avec les équipes : on fait du sport, on partage nos chambre d’hôtel quand nous sommes en déplacement, etc.

SWiTCH : Tu es marié et tout jeune papa d’un petit Tom depuis quelques semaines, pas trop dur de tout mener de front ? En quoi est-ce que ça change ton rapport au travail ? Quelles sont tes sources d’inquiétude en tant que chef d’entreprise ? Et, a contrario, quelles sont les plus grandes sources de joie et de fierté ?
J.D : J’ai peur d’être dépassé par tous les projets, d’être trop enthousiaste à vouloir trop en faire et, par conséquent, que nous nous retrouvions dans une situation ingérable.

J’ai peur de ne pas avoir assez de temps libre. Je veux pouvoir avoir le temps d’éduquer mon fils et qu’il est des valeurs. Je découvre petit à petit que j’ai envie de passer plein de temps avec lui. Je vais surement devoir rationnaliser mes déplacements en travaillant par tranche de cinq jours pour être présent à la maison le week-end plutôt que de partir pour trois semaines.

Mon rêve est somme toute assez simple : je veux être tranquille et qu’on ne me casse pas les pieds pour passer du bon temps ! Je veux le faire en France, et non pas aux USA, parce que contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas la panacée.

SWiTCH : Merci Julien et longue vie à Picture Organic Clothing !
J.D : Merci à SWiTCH et rendez-vous dans 5 ans pour faire le point !

 

 

Retour sur ISPO 2015 à Münich (Allemagne)

Du 05 au 08 Février 2015 a eu lieu la 43ème édition du salon ISPO à Münich (Allemagne), la grande messe internationale annuelle pour les marques et équipementiers des sports outdoor. Comme tous les ans, SWiTCH y était présent. Nous en avons profité pour faire un tour non exhaustif des stands et prendre le pouls des tendances pour l’hiver prochain. Retour d’expérience.

Nous avons parcouru pas moins d’une dizaine de kilomètres à pied pour dénicher quelques innovations sympathiques et décrypter les tendances. Cette année encore c’est surtout du côté des accessoires qu’on note de véritables innovations. La tendance du « tout customisable » bât son plein. Nous retenons particulièrement :

    • Bragi : Les écouteurs du futur, proposés par une société qui a fait la plus grosse levée de fonds en crowdfunding de tous les temps ! Pour avoir testé le produit, nous pouvons aisément dire qu’il va révolutionner les habitudes de consommation en la matière. L’ère du « Quantified Self » commence enfin avec ce type de produit. D’ailleurs, la marque californienne à la pomme ne s’y est pas trompée…

    • Bureo : fabrique des skateboard originaux en récupérant des filets de pêches usagés.

  • PicWood : créé par un autrichien, la marque produit des skis en bois totalement personnalisables par les clients et fabriqués en Italie… c’est beau la globalisation !
  • Prism : les premiers sacs à dos modulables à l’infini pour faire du VTT (et plein d’autres activités !) ont remporté un ISPO Award et sont produits par une start-up française : Cocorico ! On devrait en entendre parler à nouveau au printemps 2015, avec de très grosses actualités pour la marque.

Photo : PRISM-OFFROAD

  • Scott : la marque américano-suisse propose un nouveau sac à dos airbag « AIR FREE AP 12 PRO » ultra léger (2,3 kg cartouche incluse !), qui mixe le meilleur des mondes du ski et du trail, notamment le design des bretelles au design typique des sac à dos de course à pied.

  • Scrubba : Encore une très belle histoire pour cette start-up : un jeune avocat australien a tout plaqué pour partir en surf trip en Afrique. La question de la lessive de ses vêtements s’est alors assez vite posée… et c’est ainsi qu’est née l’idée de la plus petite et plus légère machine à laver transportable au monde ! Un produit intelligent qui pèse seulement 145gr, tient dans la main et qui a lui aussi été récompensé par un ISPO Award. Well done Mate! 😉
  • ZAG : Nouveau logo, nouveaux modèles Rando (dont des modèles pour les filles !), nouvelles tailles, nouvelles constructions, en 2016 la marque chamoniarde gagne encore du terrain avec des produits originaux et toujours efficaces. Notre modèle préféré : l’UBAC Lady, dont on notera que, pour une fois, le topsheet n’est pas rose !
  • Zamst : la marque japonaise a remporté un ISPO Award pour sa chevillère « FILMISTA » qui ressemble à une seconde peau. Cet accessoire de prévention des entorses permet à la fois un bon maintien pour limiter les amplitudes latérales tout en laissant une bonne amplitude avant / arrière. Ce produit devrait remplacer l’éternel « élasto », car il ne perd pas son efficacité au bout de deux heures (durée de vie minimum pour les sportifs de haut niveau : 1 an), coûte moins cher (prix envisagé : 39 €) et quand on l’enlève « Ca n’arrache pas les poils !« . Il est aussi possible de le laver en machine.

Côté tendances, nous avons été – comme l’année dernière – frappés par la similitude des produits d’une marque à l’autre. 2016 sera donc l’année du bleu-vert d’eau et de l’aubergine.

Rendez-vous l’année prochaine pour ISPO 2015 !

Crédit photos (sauf mention spéciale) : Armelle Solelhac

ISPO 2014, retour sur la 42ème édition

Du 26 au 29 Janvier 2014 a eu lieu la 42ème édition du salon ISPO à Münich (Allemagne), la grande messe internationale annuelle pour les marques et équipementiers des sports outdoor. SWiTCH était invité à y faire une conférence sur le retour sur investissement des médias sociaux pour les marques et les magasins de produits outdoor. Nous en avons profité pour faire un tour non exhaustif des stands et prendre le pouls des tendances pour l’hiver prochain. Retour d’expérience.

Cette année encore, nous en avons parcourus des kilomètres pendant notre visite ! En quête d’originalité et de nouveauté, nous avons été bien déçus :

  • Des stands pas très originaux, à l’instar du manque de peps de l’industrie en ce moment;
  • Pas de véritable innovation dans le textile, ni dans le matériel, faute de moyens pour investir en R&D;
  • Les mêmes coloris et coupes pour toutes les marques ou presque – achèteraient-elles toutes les carnets de tendances auprès de la même agence ?
  • Des exposants pas toujours enthousiastes pour l’avenir.

L’effet « crise » est-il vraiment la cause de ce manque de panache ? Oui et non. A en croire de nombreuses marques, il y a bien un effet crise, qui a obligé les acteurs de l’industrie à se recentrer sur leur coeur de métier et leurs produits phares. On constate ainsi des gammes plus petites et moins éparpillées. Mais les marques réalisent aussi que les attentes des consommateurs ont beaucoup changé et elles tentent de s’y adapter peu à peu. Ce mouvement d’ajustement ne peut pas se faire d’un claquement de doigts et nous sommes cette année dans une période de transition.

Dans ce contexte, l’ambiance générale était donc plutôt studieuse en journée. Münich reste néanmoins l’une des capitales mondiales de la bière et les soirées y sont toujours très festives. Nous avons ainsi été épatés par le concert live donné dans le plus pur style d’AC/DC sur le stand du lunetier français Julbo.

Nous retiendrons tout de même quelques nouveautés surtout chez les accessoiristes et chez l’un de nos clients (qui ne nous paye pas un centime de plus pour cet article, au cas où des mauvaises langues se délieraient 🙂 ) :

Merrell : Enfin deux modèles pour faire du trail running ! Le chausseur américain propose désormais la AllOut Fuse (plus souple, donc idéale sur route) et la AllOut Rush (plus rigide, donc idéale en pleine nature et en montagne);

Dainese : Les protections pour coudes et genoux en structure nid d’abeille et caoutchouc « pro shape« , qui absorbent très bien les chocs et rediffuse les ondes dans la mousse à mémoire de forme;

Toujours chez Dainese : Le casque « Brocks » qui se comporte comme un casque de moto : contrairement à tous les autres casques du marché des action sports, il s’enfonce en cas de choc mais ne se fend pas, permettant ainsi de garder la tête protégée jusqu’à la fin de la chute ou de la collision de la victime.

Zamst : La genouillère EK5 qui est dotée de deux tiges en résine pour le maintien latéral, d’un renfort en demie Lune pour apporter de la stabilité à la rotule, d’un strap croisé pour assurer le maintien du tendon quadricipital et d’un nouveau matériaux « straflex« , plus léger que le néoprène. Le produit ne sortira pas avant mars 2014, donc ce n’est pas la peine de vous précipiter chez votre revendeur tout de suite !

Parmi les équipementiers, notre attention a été attirée cette année par :

  • Idris : Petite marque, créée par Thomas Greenall aux Houches en 2009, et qui compte déjà 5 modèles de ski alpin – un modèle de ski de randonnée sera disponible à partir de 2015. Cette année, Tom et son associée ont produit 70 paires de leurs propres mains uniquement avec du chêne, du sapin, du lin, du bambou et de la résine bio. Ils ont remporté deux ISPO awards – Environnemental Excellence et Ski Hors Piste – pour leurs produits en 2013.
  • Yoni : Marque portugaise qui propose un concept pour le moins original : 3 modèles de surf en bois sont disponibles et chacun d’entre eux est personnalisable par les shapers, à condition de venir vivre sur place, dans leur éco lodge, pendant les 6 à 10 jours de fabrication. Le prix de l’hébergement et des savoureux repas est inclus dans le celui de la board (à partir de 600 €), ce serait donc dommage de s’en priver !

Pour conclure sur le matériel, nous notons que le « Made in France » a toujours la côte. Les responsables des marques présentent sur le très sympathique « Camp de Base » organisé par OSV peuvent en témoigner (Henjl, La Chaussette Française, Le Drapo, MILF et bien d’autres encore…).

Enfin, si vous n’avez pas pu assister à la conférence que nous avons tenu devant plus de 200 personnes, nous partageons ici nos slides et vous invitons à nous contacter si vous souhaitez un complément d’information !

Rendez-vous l’année prochaine pour ISPO 2015 !

Crédit photos : Armelle Solelhac

[La bonne nouvelle du mercredi] SWiTCH est invité au ISPO Snow Ice & Rock Summit 2014 !

Nous avons l’immense plaisir de vous annoncer que SWiTCH a été invité pour la seconde année consécutive dans le cadre de la ISPO Academy à faire une conférence le mardi 28 Janvier à 12h30 à Munich (Allemagne).

Cette présentation ouverte à tous (Hall A6.425) à l’ISPO Snow Ice & Rock Summit 2014 a pour titre « Social Media ROI : How to measure it to drive your strategy? ».

Voici le résumé (all in english!) : « Learn how to evaluate your return on investment on social media, the most useful tools to monitor your actions and how to drive your strategy online to develop your business whether you are a big brand or a small retailer. »

Nous espérons que vous y retrouverons nombreux !

Tschüss! 😉

 

Pour en savoir plus et découvrir le programme complet des conférences : cliquez ici.

P.S. : Pour les malheureux qui ne pourront se joindre à nous, nous tenterons de vous faire un résumé du salon et de mettre en ligne notre support de présentation dans les jours suivants l’événement.

 

Retour sur ISPO 2013 à Münich (Allemagne)

Du 3 au 6 février 2013 a eu lieu la 41ème édition du salon ISPO à Münich (Allemagne), la grande messe internationale annuelle pour les marques et équipementiers des sports outdoor. SWiTCH était invité à y faire une conférence sur l’usage des médias sociaux par les marques outdoor pour développer leur notoriété et leur business. Nous en avons profité pour faire un tour non exhaustif des stands. Retour d’expérience.

Tout le monde m’avait prévenu : « Tu verras, ISPO c’est grand. » En arrivant lundi matin pour faire ma conférence, j’ai pris toute la mesure de ce salon lorsque l’hôtesse d’accueil m’a proposé de prendre la « fast track » pour accéder plus vite (15 minutes de marche quand même !) à l’immense scène en forme d’étoile. ISPO n’est pas grand. C’est gigantesque… et je n’en ai en fait vu que la partie émergée de l’iceberg, soit l’équivalent de  seize terrains de football !

J’ai vite appris les quelques règles de survie pour passer un bon ISPO :

  1. Avoir de bonnes chaussures – ou encore mieux des rollers – parce que vous allez parcourir des kilomètres et piétiner pendant des heures ;
  2. S’asseoir aussi souvent que possible pour soulager vos pieds et vos jambes ;
  3. Manger dès que vous le pouvez – les bretzels chez Gore-Tex, les sandwichs aux brötschen chez Merrell, la limonade fermentée chez Rossignol ont particulièrement retenu notre attention J – parce qu’il faut bien recharger les batteries pour tenir la distance ;
  4. Ne pas abuser de la bière – ça semble simple dit comme ça, mais à partir de 16h jusqu’au petit matin, il est possible d’enchaîner les apéros d’un stand à l’autre ;
  5. Acheter la ISPO Card (77 euros) qui donne notamment accès au VIP lounge pour se détendre, boire et manger à volonté, aux transports en commun gratuits dans tout Münich, aux vestiaires et consignes à bagage gratuitement – vu la randonnée qui vous attend, autant voyager léger !
  6. Planifier sa visite plusieurs jours à l’avance en prenant rendez-vous avez les personnes que vous voulez absolument voir et essayer de vous construire un trajet aussi optimisé que possible ;
  7. Avoir un gros paquet de cartes de visite toujours sur vous et être ouvert à toutes les opportunités qui s’offrent à vous ;
  8. S’inviter sur l’espace d’EOG pour avoir accès au wi-fi gratuit ou séduire l’une des hôtesses d’accueil de n’importe quelle grande marque pour qu’elle vous donne ses codes d’accès ;
  9. Aller aux sessions de Yoga organisées par Lolë le matin, avant l’ouverture officielle, devant la grande scène du Snow Ice and Rock Summit Bar (Hall A6) pour s’échauffer les muscles en douceur avant d’attaquer une journée trépidante ;
  10. Bien recharger la batterie de votre SmartPhone pour pouvoir retrouver vos acolytes facilement tout au long de la journée et prendre des photos des nouveautés, des grandes tendances ou des looks/produits improbables que vous ne manquerez pas de croiser.

Plutôt que de faire un long et ennuyeux récit de tout ce que j’ai pu voir et entendre pendant 3 jours, je vous propose le top 5 de mes produits préférés disponibles à partir de la saison 2013/2014 :

  1. Grown : Les Ski les plus écologiques du marché
    Bon, d’accord, ce n’est pas une nouveauté de cette année. Mais comme ils ne sont produits qu’en édition très limitée (80 paires /an), c’est la 1ère fois que j’avais l’occasion d’en voir pour de vrai. Plus d’informations ici.
  2. Dainese : La 1ère veste de ski à airbag
    Déjà existante pour la moto et en cours de test pour le ski, la marque italienne a développé une veste équipée d’un airbag, capable de s’ouvrir en 25ms, et de capteurs (pouls, position du corps) permettant le déclenchement automatique en cas de chute. Il semblerait que cet équipement de sécurité devienne obligatoire pour les épreuves de slalom géant et de descente aux J.O. de Sotchi. Dainese est actuellement la seule marque à avoir créé ce produit, si cette norme est confirmée, elle a donc une très belle longueur d’avance sur ses concurrents.
  3. Patagonia : La combinaison de surf doublée en laine
    Cette combinaison en neoprene permet de rester plus longtemps dans l’eau, grâce à une doublure en laine merinos douce et chaude, tout en gardant une bonne souplesse de mouvement.
  4. Rossignol : Les skis alvéolés Soul7 (ISPO Award 2013 – Ski Off Piste)
    Ayant eu le privilège d’avoir une présentation de cette nouvelle gamme de skis (et chaussure) par les concepteurs et le directeur R&D de Rossignol en personne, autant dire qu’il y a de quoi être conquis par ces nouveaux skis, totalement personnalisables avec une simple scie sauteuse – même si la marque ne communiquera pas trop sur ces aspects pour des raisons évidentes de responsabilités juridique. Ok, il faut avoir un tel matériel et surtout savoir s’en servir, mais l’idée de pouvoir faire des swallow en 4 coups de scie sauteuse ou de pouvoir adapter la taille et la forme du ski au programme de pratique de chacun, c’est quand même génial ! Et pour une fois, le topsheet est vraiment esthétique.
  5. Picture Organic Clothing : La veste « Welcome » 100% recyclée et recyclable ! (Gold ISPO Eco Award)
    La veste Welcome a remporté le Gold ISPO Eco Award car elle est 100% recyclable et faites avec des matériaux recyclés (notamment avec 95% avec de bouteilles PET recyclées). Elle ne comporte ni fluor, ni traitement POFA/PFOS. Enfin, la marque française a aussi remporté le « Environmental Excellence ISPO Eward » pour son approche environnementale globale et la totale transparence sur la production de ses produits.

Enfin, pour ceux qui n’ont pas pu assister à ma conférence, voici le support de présentation :

Merci à Meike, Thorben, David et Markus pour leur invitation, ce fut un grand honneur de pouvoir participer à ce salon prestigieux. Rendez-vous l’année prochaine ! 😉

SWiTCH Initiatives – ITW de Julien Durant de Picture Organic Clothing

Dans le cadre des SWiTCH Initiatives nous souhaitons vous faire découvrir des entreprises qui font bouger les choses, des gens passionnés, qui créent des produits directement inspirés de leurs pratiques sportives. SWiTCH a rencontré Julien Durant, co-créateur de Picture Organic Clothing.

SWiTCH : Bonjour Julien, peux-tu nous présenter ton parcours et ton entreprise ?

Julien Durant : Bonjour, j’ai 29 ans et je suis originaire de Clermont-Ferrand. En ce qui concerne mes études, j’ai fait STAPS, puis l’Euromed à Marseille. Je n’ai pas suivi le parcours classique ESC puisque j’ai fait choisi l’apprentissage. J’ai bossé pour Coca-Cola au département marketing sportif. Cela m’a permis d’obtenir mon premier boulot en marketing évènementiel toujours chez Coca, mais en Belgique cette fois ! J’ai rapidement changé et me suis retrouvé de chef de produit chez Oasis à Paris. Cela a été enrichissant professionnellement, mais la vie parisienne était atroce pour moi : dès qu’on veut faire un peu de sport on est obligé de prendre la voiture. Et puis mes potes me manquaient ! En avril 2008, Jérémy et Vincent m’ont appelé et c’est là que tout a commencé…

SWiTCH : Raconte-nous l’histoire de Picture Organic Clothing.

J.D : On a commencé à échanger sur ce qu’on voulait faire. On aimait Patagonia et on rêvait d’avoir leurs valeurs. Notre idée était de faire une ligne de vêtements 100% bio et éthique, mais colorée. En 2008, les fringues respectueuses de l’environnement étaient uniquement marron ou beige, et pas vraiment très « fun » en termes de coupes. A ce moment là, Vincent était étudiant en comptabilité et Jérémie gérait sa société de maîtrise d’œuvres, toute sa famille était architecte de père en fils, mais lui n’avait pas vraiment la « fibre ». Il a commencé à travailler à mi-temps, puis l’engouement et l’excitation du projet aidant, il s’est lancé à 100% dans l’aventure.

En Juin 2008, nous avons déposé la marque pour la France, ce qui nous quand même coûté 3 500€ avec la recherche d’antériorité. On a attendu 6 mois pour l’International, ça nous a laissé le temps de nous constituer un peu de trésorerie… En Septembre 2008, nous sommes allés au Salon de l’Armée et nous avons fait la découverte qui allait tout changer : le tissus biocéramique ! Il était utilisé sous forme de membrane par les chasseurs alpins français. A la suite de cette visite, nous avons tous mis 12000€, Vincent est devenu notre DAF, son père ainsi que Claude de Mota ont rejoint l’affaire. Cela a constitué une très bonne caution pour l’entreprise ! À ce moment là, le père de Vincent était le comptable de Picture, il faisait partie du board, mais continuait son activité.

Notre premier objectif était de faire des vestes. On a visité une dizaine d’entreprises turques sur une semaine, afin de trouver celle qui allait réaliser notre première collection de samples, pour voir… Bon, on a vite été juste en trésorerie !

En Novembre 2008, nous avons rencontré George Pessey de Jonathan & Fletcher. En se basant sur les dessins de Jérémy, il s’est occupé du modélisme des produits Picture. Il nous a demandé si on connaissait l’ISPO, on a répondu que non, la réponse fut la suivante : « Si vous n’êtes pas à l’ISPO, vous n’êtes nulle part ! » On a donc eu 2 mois pour faire un boulot qui en prend normalement 6… On était convaincu que ça allait marcher même si notre endettement était de 40000€. Depuis l’âge de 8 ans, j’ai toujours vécu à crédit cela ne m’a donc pas empêché de vivre. Je ne suis pas stressé pour ça. Il faut se faire plaisir, tu ne laisses rien sur cette terre, ce qui est pris est pris !

Les produits sont arrivés 3 jours avant l’ISPO, on a fait les shooting à 4h du matin et le catalogue est parti direct à l’imprimerie. Quant à nous, on a filé dans la voiture en direction de l’Allemagne ! On a débarqué le dimanche pour monter notre stand, fabriqué par mon père et un pote ébéniste. Le moins que l’on puisse dire c’est que le réseau à beaucoup compté pour nous. Notre fibre en céramique a fait le buzz pendant l’apéro Nivéale.

De Février à Avril 2009, on a tous fait une tournée commerciale de 20000 km. On a rendu visite a tous les magasins susceptibles de vendre nos produits et on y retournait 4 à 5 fois s’il fallait, jusqu’à ce qu’ils nous prennent quelques pièces. On a serré beaucoup de mains et laissé encore plus de catalogues… Nous avons livré en Septembre, avant certaines grandes marques, 45 jours plus tard tous les produits étaient vendus ! Les clients étaient obligés d’aller en station pour s’acheter un sweat-shirt Picture Organic Clothing. Certains ont même fait plus de trois heures de route !

D’après moi, la clé de ce succès est que nous avons su être cohérents entre les valeurs que nous mettions en avant et les produits proposés.

SWiTCH : Quelles sont les valeurs de Picture Organic Clothing ?

J.D : Nos valeurs fondamentales sont : rider, protéger et partager.  Notre claim, c’est « Ride for future ». Tout notre plan de communication se décline autour de ça. Nous ne sponsorisons pas des « riders », mais des « family members », c’est-à-dire des groupes de potes, qu’ils soient sportifs, artistes ou autre. On ne cherche pas non plus à être une marque hyper core et pointue.

SWiTCH : Quelle a été la ou les principales difficultés rencontrée(s) depuis l’idée créatrice de Picture Organic Clothing jusqu’à aujourd’hui ?

J.D : Un gros coup dur a été qu’on nous pique la moitié de notre container au port de Marseille pour notre deuxième collection en Septembre 2010. Ensuite, je dirais que pour une marque jeune comme la notre il est super difficile de s’aligner commercialement face aux grosses cylindrées du marché. Et en plus on vit chez nos parents ou à la charge de nos copines… Donc ce n’est pas facile tous les jours !

SWiTCH : Quelle est ta plus grande satisfaction ?

J.D : Ma plus grande satisfaction a été la reconnaissance du milieu. S’entendre dire que nos produits sont cools et que notre marque fait envie, c’est vraiment top !

SWiTCH : Quels sont les moyens de communication que vous utilisez ?

J.D : On utilise principalement le web et de la P.L.V en magasin. On fait aussi des salons et on se sert beaucoup des réseaux sociaux. C’est Jérémy qui gère ça, on utilise Facebook, twitter et notre blog. Le petit truc en plus qui a cartonné c’est qu’on a fait des cintres en carton avec des infos sur la marque. Pour la petite anecdote, on a même des gens qui appellent pour acheter uniquement des cintres!

SWiTCH : Comment vois-tu Picture Organic Clothing dans les prochaines années ?

J.D : Aujourd’hui, 50% de notre marché est en Rhône-Alpes. Dans 2 ans nous aimerions développer notre leadership en Europe ainsi qu’aux U.S. Nous sommes entrain de négocier avec une société d’agents.

Et dans 10 ans… Eh bien, je ne sais même pas où j’en serais dans ma vie personnelle, alors au niveau professionnelle encore moins ! Tant qu’il y aura des choses à développer je serais là !

SWiTCH : Des projets pour la suite ?

J.D : Nous souhaitons faire un voyage incentive, mais pas n’importe où : en Alaska ! Dès qu’on aura l’argent…

SWiTCH : Merci Julien et bonne continuation !

European Outdoor Forum 2010 – 1ère journée

Comme annoncé il y a quelques semaines, Le European Outdoor Forum (EOF) se déroule en ce moment même à Annecy du 11 au 13 octobre. SWiTCH y participe et vous propose ici un résumé de l’évènement.

Les festivités ont donc été lancées hier soir à bord du MS Libellule lors du diner d’ouverture sur le lac d’Annecy, sponsorisé par ISPO. Pas de long discours, ni de grandes déclarations politiques, mais un moment sympathique et surtout très convivial pour rencontrer les « speakers », retrouver quelques « piliers » de l’industrie Outdoor et faire de nouvelles rencontres. Le point d’orgue fut l’intervention de Paul Petzl sur les temps forts de sa carrière d’entrepreneur dans le business de l’outdoor, les core values et les 3 piliers de la réussite de son entreprise éponyme. Nous l’avions déjà rencontré l’année dernière, mais son discours cette fois beaucoup plus personnel nous a d’autant plus touchés que c’est un exercice dans lequel il n’est pas forcément très à l’aise. Les quelques conseils qu’il nous a ensuite transmis personnellement sont autant d’encouragements à faire toujours mieux et à donner davantage à notre communauté.

Ce matin, la séance a été ouverte par un discours d’accueil de Jean-Luc Rigaut (Maire d’Annecy) avec un accent franglais tout à fait charmant devant pas moins de 220 participants et représentants de 18 entreprises et organisations différentes venant de France, Italie, Allemagne, Espagne, Scandinavie, Grande-Bretagne, Suisse, Canada, USA. David Udberg (de EOG) a ensuite pris le relais en lançant un appel fort : le marché de l’outdoor augmente tous les ans depuis plusieurs années, mais il y a un très grand manque de données marketing. La filière doit donc s’organiser pour collecter ces données et dégager des tendances utiles à tous. Jean-Luc Diard a poursuivi en nous insuflant l’esprit de cet événement : « Learn, Share, Network, Sustain ». On pourrait presque dire que cet événement se veut comme le TED de l’outdoor !

Elizabeth Laville (fondatrice et directrice d’UTOPIES) a commencé la série de conférences de la matinée avec une présentation sur le thème de « la responsabilité sociale des entreprises 2.0 : la prochaine étape ». On en retient notamment que :
– L’appel à l’action et à la mobilisation pour la préservation de l’environnement vient désormais de toutes les directions et d’une manière qui n’a connu aucun précédent ;
– Les écologiques et les capitalistes se rejoignent (au moins en matière de communication !) ;
– Le « durable » est vecteur de nouveaux challenges ;
– La « menace verte » est désormais aussi devenue une « opportunité verte », qui crée déjà des emplois et permet de gérer les ressources naturelles d’une autre manière (en particulier les ressources en eau) ;
– Le changement est dans l’air du temps : on le retrouve partout dans les médias, dans les messages publicitaires et peu à peu dans les moeurs. Mais aussi dans les petites entreprises (comme SWiTCH ou nos amis d’Azimut Innovation) comme dans les grandes (Ben & Jerry’s, Petzl, The Body Shop, Patagonia, Nature & Découvertes, Toyota, etc.) ;
– Le CSR est proactivement intégré dans les innovations de produits et dans les business models des entreprises, avec des répercutions dans les stratégies marketing et dans les messages publicitaires ;
– Les représentations du Pouvoir ne passe plus par ce qui est grand, cher et bling-bling, mais par ce qui a une faible empreinte environnementale et une bonne efficience énergétique ;
– « Dire la vérité est un acte révolutionnaire » (George Orwell) ;
– Le développement durable est désormais une question d’argent, pas uniquement d’image et de perception d’une marque ou d’une entreprise ;
– La durabilité n’est plus une option et qu’il y a de nouvelles règles à respecter : elle doit être proactivement intégrée, proactivement innovante et proactivement enseignée (aux salariés, aux fournisseurs, aux clients, etc.).

Michel Desbordes (Directeur de publication du Journal International du Sport Marketing et du Sponsoring, professeur de marketing sportif, Université Paris Sud XI) a enchaîné sur une présentation relative au « marketing sportif, quoi de neuf à l’horizon ? » En substance, si vous suivez régulièrement ce blog, rien de neuf à l’horizon que vous auriez pu apprendre de cette intervention. Pour nos lecteurs les moins fidèles, voici néanmoins les 6 tendances du néo-marketing relevées par M. Desbordes :

– Le marketing expérientiel
– Le CRM
– Le one-to-one Marketing
– Le Yield Management
– Le Géomarketing
– L’Ambush Marketing

Après une pause déjeuner dans l’un des restaurant de l’Impérial Palace, nous avons poursuivi par une présentation de Pierre Jarniat (Directeur du développement PeaK à Thésame) sur « l’innovation collaborative : une nouvelle façon de penser ». Nous sommes ici bien obligés de reconnaître que nous ne pourrons vous faire un résumé de cette intervention pour cause de sieste digestive d’urgences au bureau à traiter.

Ed Stevens (Président de Shopatron Inc) a bien réveillé l’auditoire en commençant sa présentation sur « l’avenir du commerce électronique pour les marques de la «nouvelle économie ». » en faisant un jeu assez drôle où l’on pouvait gagner 50 euros. Là encore, si vous suivez régulièrement le blog de SWiTCH vous n’auriez rien appris de nouveau…

Au programme pour demain :
– Prof. Eckehard Fozzy Moritz (directeur de SportKreativWerkstatt)
– Eugenio di Maria (fondateur et PDG de SGI-Europe)
– Cortney McDermott (directrice CSR et développement durable à The North Face (VF Corp), présidente du groupe de travail développement durable au sein de European Outdoor Group)
– Antonia McCahon (associé gérant de Fullsix)

Stay tuned !

Crédit photo Paul Petzl et Ed Stevens : J-M FavreEuropean Outdoor Forum
Crédit photo Conférence : Armelle Solelhac – SWiTCH (réalisé avec un BlackBerry, désolée pour la piètre qualité !)