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Northern Caucasus Resorts : l’avenir du ski dans le Caucase ?

Dans le cadre d’un vaste programme de redynamisation du Nord-Caucase, région actuellement en récession, la société d’Etat OJSC Northern Caucasus Resorts est missionnée par le gouvernement russe afin de construire et d’exploiter cinq stations de ski de catégorie mondiale.

Quelques chiffres pour poser le décor : plus de 1100 kilomètres de pistes, 228 remontées mécaniques et une capacité d’hébergement supérieure à 100 000 lits. Ce projet ambitieux – pour ne pas dire pharaonique ! – doit concourir à la transformation économique et sociale de la région. D’ici à 2020, pas moins de cinq nouvelles stations verront le jour dans cette partie sud de la Russie. En parallèle, OJSC souhaite aussi développer plusieurs stations balnéaires au bord de la mer Caspienne.

Ce vaste programme territorial est financé par un partenariat public – privé. D’une part, le gouvernement prendra en charge les infrastructures et les transports ; de l’autre, des acteurs privés investissent dans les hébergements. Le projet « montagne » représente déjà, à lui seul, plus de 450 milliards de roubles, soit 11 milliards d’euros.

Selon Alexei Nevsky, PDG de OJSC Northern Caucasus Resorts, « le Nord-Caucase est une des dernières régions montagneuses vierges sur la planète et elle constitue un trésor naturel unique pour la Russie et pour le reste du monde ». La société respecte d’ailleurs un engagement environnemental stricte afin de préserver l’éco-système local et d’intégrer au mieux les infrastructures dans le paysage. Par ailleurs, le cluster OJSC espère créer plus de 300 emplois sur le territoire grâce à ce projet.

Avec la mise en place de SEZ, des zones détaxées, la société compte sur la venue de 5 à 10 millions de touristes par an. Ce plan d’envergure internationale est coordonné par International Caucasus Development, une « joint venture » franco-russe.

Aujourd’hui, OJSC souhaite initier sa stratégie de communication via un film promotionnel qui véhicule une image positive de la région et promeut ses nombreux avantages.

L’avenir du ski serait-il dans le Caucase en 2020 ?

[Booklub] « Dans les forêts de Sibérie » par Sylvain Tesson

Pour le Booklub de février, on vous propose le résumé d’un livre qu’on a beaucoup aimé – et qui a reçu le Prix Médicis Essai 2011 : Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson (Ed. Galimard). Durant 6 mois, l’écrivain globetrotteur a rédigé un journal d’ermitage qu’il nous fait partager dans un récit captivant.

Tout commence par un haut le cœur dans un rayon de supermarché, où l’on se demande à quoi peuvent bien servir quinze sortes de ketchup différentes. Ou peut être est-ce au moment où l’on se rend compte que ce que l’on aime le plus dans la vie ne représente qu’une poignée d’heure de notre existence, une fuite en avant, une course poursuite contre le temps. « Une fois ankylosé dans la graisse du conformisme et enkysté dans le saindoux du confort, on est mûr pour l’appel de la forêt ».

Du courage, il en faut pour ne pas renoncer au moment crucial, lorsqu’on est sur le point de saisir ce que l’on désire au plus profond de soi. M’éloigner de la société, faire un pas de côté, m’a permis de relativiser l’importance que j’accordais à certains aspects de ma vie. En ville chaque action est faite au détriment d’une autre, ici chacune est un accomplissement, une expérience en elle même. Le temps se calme, on se sent alors libre car nos journées le sont. Le bonheur, chimère inatteignable des pays développés devient alors accessible comme par enchantement. Pour le saisir, il suffit d’en prendre un instantané, accepter de ne pas se préoccuper de l’avenir. A bien y regarder, peut de choses sont nécessaires au bonheur : « du soleil, un belvédère, et dans les jambe le souvenir lactique de l’effort ».

L’ermitage s’accompagne d’un retour à de vraies valeurs. Savoir apprécier le bruit d’un bouchon de vodka qui saute près d’un poêle, procure plus de jouissance qu’un séjour palatial au bord du grand canal vénitien. Ici, plus besoin de l’efflorescence permanente d’imprévisibles nouveautés, le temps devient le grand ordonnateur de chaque émerveillement, selon un rythme immuable. Nous cessons alors de vouloir avoir une emprise sur le monde et le laissons dicter notre existence.

Si l’atteinte de la paix interne est le but ultime de la vie dans bois, elle doit aussi marquer le terminus du voyage et le retour parmi les hommes. Une vie telle que celle que j’ai menée durant ces 6 mois n’apporte rien à la communauté des hommes. Ce pas de côté, que j’invite chacun à faire, n’a finalement pour but que de nous ramener dans le droit chemin, car la vie doit être une oscillation entre ermitage et civilisation. Ce qui donne un sens à notre existence est la fidélité à un certain instant et notre effort pour éterniser celui-ci.

Quelques petites phrases qui nous ont plu :

« Rien ne vaut la solitude. Pour être parfaitement heureux, il me manque quelqu’un à qui l’expliquer »

« Habiter joyeusement des clairières sauvages vaut mieux que de dépérir en ville »

« Quand Youra s’en va, je suis saoul comme un chauffeur de tramway moldave »

« Se réjouir de la tombée de la nuit qui va cacher le bois de ma gueule »

« Nommer les bêtes et les plantes d’après les guides naturalistes, c’est comme reconnaître les stars dans la rue grâce aux journaux people. Au lieu de Oh mais c’est Madonna, on s’exclame, Ciel une grue cendrée ! »

La contemplation, c’est le mot que les gens malins donnent à la paresse pour la justifier aux yeux des gens sourcilleux qui veillent à ce que chacun trouve sa place dans la société active ».