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Résumé du congrès annuel de la National Ski Area Association du 03 au 06 mai 2018 – Jour 1

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Du 03 au 06 mai 2018 a lieu la Convention annuelle de la National Ski Area Association à Marco Island, en Floride (USA). Ce rendez-vous désormais incontournable pour SWITCH avant de clôturer la saison d’hiver nous permet de mélanger business, conférences et rencontres avec les dirigeants des stations de montagne nord-américaines et des équipementiers du monde entier. Résumé de la première journée.

Plage de sable blanc, leaders de moins de 40 ans et… 53,3 millions de journées-skieurs
Oui, on sait, c’est plutôt paradoxal de parler de ski en ayant les pieds dans l’eau ! Mais ce cocktail fonctionne bien et l’ambiance bon enfant est toujours au beau fixe. L’équipe de la NSAA a donc le chic pour organiser ses conventions dans des lieux toujours plus exotiques, plus chauds et plus sympathiques… et on ne va pas s’en plaindre ! Pour notre 7ème participation consécutive, nous ne boudons pas notre plaisir de découvrir Marco Island, une sorte de Port Grimaud floridien avec une plage de sable fin d’une blancheur incomparable. Nous avons le plaisir d’y retrouver nos amis, clients et fournisseurs nord-américains pour une convention pleine de bonnes surprises.

Les difficultés de recrutement et de fidélisation des collaborateurs sont de plus en plus importantes pour les stations de montagne. Cette année, la NSAA a donc choisi de mettre à l’honneur les leaders de moins de 40 ans. Ils sont le futur de l’industrie du tourisme en montagne. A ce titre, toute personne de moins de 40 ans – dont nous faisons parti ! – arbore un ruban jaune sur son badge, afin de faciliter les interactions avec nos ainés.

Kelly Pawlak, qui prend la suite de Michael Berry à la tête de la NSAA, annonce la couleur : avec 53,3 millions de journées-skieurs, soit une baisse de -2,8%, la saison 2017/2018 ne restera pas dans les mémoires. En dépit d’un début très prometteur en octobre et novembre (+52%) et d’une augmentation de +18% sur le mois de mars, la mauvaise météo de décembre à février inclus a fortement impacté la fréquentation des pistes nord-américaines.

Alors comment sortir de l’impasse et rebooster les stations de montagne dans un monde où tout va si vite et où la concurrence se développe là où on ne l’attend pas ?

Lutter contre la disruption ou se disrupter soi-même ?

Après une intervention courte mais pleine d’humour de Nick Goepper (médaille d’argent en ski slopestyle aux derniers Jeux Olympiques de Pyeongchang, Corée du Sud), c’est l’heure de la remise du premier Lifetime Achievement Award de cette Convention à Onno Wieringa (ancien GM & Président d’Alta, UT). Au lieu de s’appesantir sur le passé dans son discours de remerciements, il choisit de parler du futur, des efforts à réaliser – en particulier en matière de protection de l’environnement – et des solutions que les stations de montagne américaines devraient adopter avec courage. Voici un petit clip sympa sur sa carrière :

Lors de la première keynote, Eric Schurenberg tente d’expliquer les ressorts de l’innovation et comment les stations de montagne peuvent lutter contre la disruption de leur business en étant plus innovantes. Selon lui, il y a 3 manières de conduire l’innovation :

  1. En s’assurant qu’elle est toujours supervisée par la direction de l’entreprise ou de l’organisation qui la conduit ;
  2. En adoptant les principes du design thinking ;
  3. En appliquant la méthode du lean start-up ou lean management.

L’innovation se compose des 6 « D » :

  1. Digitize (« Numérisée »)
  2. Deceptive (« Trompeuse »)
  3. Disruptive (« En rupture » ou « en perturbation »)
  4. Dematerializing ( « Dématérialisée »)
  5. Demonetizing (« Démonétisée »)
  6. Democratizing (« Démocratisée »)

Elle ne peut se produire que parce qu’à un moment donné les solutions proposées ne sont pas ou plus satisfaisantes pour les consommateurs.

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Pour lutter contre la disruption de son business, il faut innover en s’appuyant sur 5 ressources :

  1. L’argent
  2. Des collaborateurs engagés
  3. Une base de clients fidèles
  4. Un réseau actif
  5. Une marque forte

Les tactiques pour mieux appréhender la disruption sont soit l’acquisition de nouveaux businesses, soit l’innovation dans de nouveaux domaines d’activités stratégiques. En tout état de cause, la clé du succès pour conduire l’innovation et la disruption au sein de son propre business c’est d’avoir beaucoup de courage !
Bien qu’intéressante, cette présentation nous laisse perplexes : pourquoi chercher à lutter contre un phénomène au lieu de le favoriser pour mieux en devenir les leaders ?

Comment la génération Y prépare ses voyages de loisir ?
Kirsten Motley de Phocuswright est venue partager les résultats d’une vaste étude sur les consommateurs américains en matière de tourisme à l’ère du multi-gadgets et du multi-écrans. Il apparaît que :

  • Les Gen Y (nés entre 1979 et 1995) passent beaucoup plus de temps que les Gen X (nés entre 1965 et 1978) et les babyboomers (nés entre 1945 et 1965) à choisir et préparer leurs séjours. Ils peuvent passer jusqu’à une semaine à faire des recherches en ligne en amont de leurs actes d’achat et de réservation ;
  • Qu’est-ce qui influence le choix d’une destination ?
  1. Les attractions naturelles (plages, montagnes, etc.) ;
  2. Un séjour précédent qui s’est bien passé dans la même destination ;
  3. Le prix de l’hébergement ;
  4. Les attractions culturelles (musées, parcs d’attraction, sites historiques, etc.)
  • Instagram et Snapchat sont les deux media sociaux préférés par les Gen Y pour partager leurs expériences de voyage ;
  • 73% des Gen Y utilisent des applications de messagerie pour communiquer leurs expériences de voyage (ex : Messenger, Whatsapp, etc.) ;
  • 47% des Gen Y utilisent un assistant vocal (ex : Alexa d’Amazon, Google Home, Siri, etc.) pour faire leurs recherches en amont de leur voyage. C’est sans aucun doute possible l’avenir du web !
  • Les Gen Y sont très demandeurs de suggestions et d’inspirations dans leurs recherches de destinations ;
  • 45% des Gen Y acceptent que l’on collecte leurs données personnelles si cela permet une meilleure personnalisation des offres qui leur sont faites en amont de leurs actes d’achat et des expériences à vivre une fois sur place ;
  • Les Gen Y n’aiment pas les chatbot quand ils savent que c’est une machine qui leur répond, mais ils apprécient beaucoup l’interface si c’est un humain qui est à l’autre bout de la ligne.

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Séduire, fidéliser et convertir ou l’obsession de la croissance

Avec les ressources humaines et l’environnement, la croissance fait partie des trois thématiques phares pour la NSAA en 2018. Elle y a ainsi consacré plusieurs conférences et tables rondes. Ce qu’il faut retenir, c’est que pour assurer la croissance de la fréquentation des stations de montagne, il faut considérer les points suivants :

  • Nécessité de s’adresser à un public plus diversifié en termes d’origines, de milieux sociaux et de capacités financières ;
  • Ne pas oublier que la tranche des 25-34 ans a de plus en plus de moyens financiers, n’a pas encore d’enfants et est en forte demande d’expériences sportives en pleine nature. Or, les campagnes marketing & communication des stations de montagne sont majoritairement tournées vers les familles et ne s’adressent pas à cette frange de population ;
  • Il faut sortir des clichés « steep and deep » et communiquer davantage sur le fait qu’on peut avoir une bonne expérience en montagne sans nécessairement avoir du soleil et 30 cm de neige poudreuse : des pistes correctement damées, une bonne bière et quelques bons copains sont amplement suffisants pour passer une bonne journée !
  • Développer des offres « d’essai » (ex : 1 forfait offert + 1 location de matériel + 1 cours de ski/snowboard offert pour 1 acheté, « Bring-a-Friend Program », etc.) pour inciter les non-skieurs à découvrir l’activité et, espérons-le, y prendre goût. Dans tous les cas, cela doit être un effort collectif de l’ensemble des acteurs d’une destination touristique en montagne. Cela ne peut pas reposer uniquement sur les sociétés d’exploitation des remontées mécaniques ;
  • S’appuyer sur les porteurs de forfaits de saison en les transformant en véritables ambassadeurs de leur destination et des sports d’hiver ;
  • Développer les forfaits de location de matériel à la saison pour permettre aux populations locales de pratiquer plus souvent à des coûts plus abordables ;
  • Développer des relations entre les stations et les magasins de sports en plaine pour inciter les consommateurs à aller en montagne ;
  • Continuer les efforts pour développer le ski de printemps, qui est l’une des meilleures périodes pour pratiquer (journées plus longues et ensoleillées, neige plus souple, températures plus agréables, etc.).

Le résumé de la seconde journée du congrès annuel de la NSAA 2018 sera disponible demain vers 20h heure locale, soit 2h00 heure de Paris. D’ici là, nous allons profiter du magnifique couché de soleil les pieds dans l’eau !

Interview de Thibault Dalban et Michael Baudino, co-créateurs d’AlpineLab et de SkiWallet.

Envie d’en savoir plus sur les entreprises qui font bouger le monde de la glisse et du tourisme ? Dans le cadre des SWiTCH Initiatives, nous souhaitons vous faire découvrir des entreprises qui font bouger les choses, des gens passionnés qui créent des produits ou des services directement inspirés de leurs pratiques sportives. Nous avons rencontré récemment Thibault Dalban et Michael Baudino, co-créateurs d’AlpineLab et du SkiWallet.

SWiTCH : Bonjour, pouvez-vous nous présenter votre parcours de vie et l’origine de la création de l’entreprise ?

Thibault Dalban : Pendant mes études d’ingénieur en informatique à EPITECH à Paris, j’ai connu Mike qui était étudiant à EPITA, petite sœur d’EPITECH. Nous sommes tous les deux originaires d’Aix-les-Bains en Savoie, nous étions colocataires à Paris. J’ai aujourd’hui 29 ans.

Après mes études, j’ai travaillé à Sopra, à Annecy-le-Vieux. J’y ai fait mon stage de fin d’étude puis ils m’ont embauché. J’ai développé un logiciel qui permet aux entreprises de gérer leurs RH, les fiches de paies, les congés, les formations. Après 2 ans de travail sur ce logiciel à Annecy, je me suis fait muter à Paris, dans la même société et la même division. J’y étais consultant technique et je me déplaçais chez les clients quand ils voulaient faire évoluer leur logiciel, quand ils avaient un problème. J’ai fait ça pendant 2 ans à Paris.

J’avais fait le tour du logiciel, l’énorme structure de Sopra ne me plaisait pas trop. J’avais envie de changer et ça faisait une petite année qu’on en discutait avec Michael. Si on voulait faire quelque chose, c’était le bon moment car pas d’attaches, pas de contraintes particulières, pas de prêts et pas d’enfants !

On a commencé à chercher ce que nous pouvions faire. Nous avions envie de travailler ensemble. Soit je montais quelque chose, soit je changeais d’entreprise pour aller dans une petite structure à échelle plus humaine que Sopra.

Michael Baudino : J’ai 28 ans. Pendant mes études à EPITA, où j’ai rencontré Thibault, j’ai commencé à travailler dans une boite dans laquelle je suis resté pendant 5 ans. J’étais au début développeur, puis responsable informatique et enfin directeur informatique. A mon arrivée, nous étions 35 dans la boite. 5 ans plus tard, nous étions 270. Cette croissance énorme était une super expérience. En tant que directeur informatique, construire une société et gérer toute la partie infrastructure est très intéressant.

La partie création m’a toujours parue intéressante même si c’était au sein d’une entreprise qui n’était pas la mienne. L’envie d’avoir notre propre projet était là. J’avais fait un peu le tour depuis 5 ans, même si la forte croissance permettait de découvrir des choses nouvelles tous les jours. On a sauté sur l’occasion qui s’est présentée. J’avais envie de bouger un peu, on s’est lancé !

SWiTCH : Comment ont réagi vos proches à l’annonce du projet ?

Thibault : Ils m’ont encouragé à tenter l’expérience.

Michael : Cela faisait un moment que je leur en parlais. Quand c’est arrivé, ils n’ont pas été plus surpris que ça. Quand j’ai annoncé à mes anciens patrons mon départ pour monter une boite, ils m’ont dit : « tu as raison ! Si c’était à refaire, je ferais pareil mais plus tôt ! »

SWiTCH : Comment est née l’idée de l’entreprise ?

Michael : Nous avions envie de travailler ensemble mais sans idée particulière. Nous ne savions pas dès le début que nous allions vendre des forfaits de ski sur internet. Nous avons regardé quel domaine d’activité pouvait nous intéresser. Nous sommes savoyards tous les deux et fans de ski depuis qu’on est tout petit, c’est un milieu qui nous intéressait. Thibault avait envie de se rapprocher de la Savoie, de quitter Paris.

Nous avons regardé ce qui se faisait dans le milieu du ski, nous avions vu que ça faisait quelques années que florissaient des innovations techniques, tel que les forfaits main-libres. Nous avons remarqué qu’un des points où il manquait quelque chose était la vente en ligne. Nous avons vu un intérêt à monter un système de vente en ligne, bien plus pratique que ce qui existait.

Nous étions habitués à aller skier dans des stations différentes tous les weekends car elles sont toutes à portée de voiture d’Aix-les-Bains. De notre point de vue utilisateur, nous trouvions ça pénible de devoir s’inscrire tous les weekends sur un site différent, de perdre ses repères, de créer un compte, de recevoir un email et de ne pas pouvoir commander depuis un mobile.

Nous avons ainsi étudié ce qui existait et nous nous sommes dit : « à priori, on peut trouver une meilleure formule ». C’est ce que nous avons essayé de faire !

Thibault : On a très vite vu que les sites des stations sont toujours les mêmes, avec les même interfaces (jb ou bemore) répliquées maintes et maintes fois et avec un process identiques qu’on ne trouvait pas bon. Cela n’était pas agréable à utiliser. Il n’y avait pas tant d’acteurs que ça dans la vente en ligne en ski, on s’est dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire.

SWiTCH : Parlez-nous un peu plus de ce qu’est votre entreprise. SkiWallet n’est pas le nom de la boite, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Thibault : Nous avons monté une société qui s’appelle AlpineLab. Nous avons commencé avec la vente en ligne des forfaits de ski, mais nous n’avons pas envie de nous limiter à cela. AlpineLab serait en mesure d’abriter d’autres projets. Ski Wallet est un produit d’Alpine Lab (Ski Wallet un produit, AlpineLab le nom de l’entreprise).

Ceci nous permettrait de ne pas faire qu’une seule et même chose pendant 10 ans. Si nous avons d’autres projets, si nous avons envie de décliner Ski Wallet sur d’autres domaines et sur d’autres activités, cela peut être une solution. Voilà pourquoi nous avons fait deux images différentes.

Michael : Le projet de Ski Wallet est né du constat qu’il y avait un manque de simplicité et d’intuitivité dans l’achat des forfaits en ligne.

Voilà nos deux maitres-mots dans la conception de Ski Wallet : Simplicité et Intuitivité. Notre but est de construire une plateforme unique de vente de forfaits, une plateforme multi-station. Si on fait un parallèle avec les billets de train, c’est comme si à chaque billet de train, je devais aller sur le site de ma gare de départ, avec une interface différente et un nom d’utilisateur différent. Nous trouvions ça un peu absurde, nous avons donc pensé à faire quelque chose de centralisé et pratique.

Coté skieur : nous nous sommes dit que c’était une bonne approche pour le ski, d’avoir un point d’entrée unique avec tous les avantages pour le skieur comme se souvenir de son numéro de carte lfid, se souvenir de son nom. En effet, on connait ses amis et on peut lui proposer d’aller skier là où vont ses amis ce jour-là. Cela apporte aussi une dimension sociale.

Coté développeur : nous développons une seule plateforme où chaque nouvelle fonctionnalité est disponible pour toutes les stations, pour tous les skieurs.

Coté station : nous proposons de la visibilité supplémentaire, un canal de distribution supplémentaire sur un segment de client jeune et technophile.

Voici pour la partie fonctionnelle. Pour la partie contractuelle et financière, nous vendons des forfaits au même prix qu’en station, on ne veut pas se battre contre les discounteurs. La valeur ajoutée n’est pas sur le prix mais sur la manière de le vendre. On le vend donc au prix auquel la station le vend sur son site web, si elle en a un !

SWiTCH : Quelles ont été depuis la création de l’entreprise les plus grandes difficultés rencontrées ?

Thibault : Trouver les premiers clients ! 😉

Michael : Notre spécificité est d’avoir des clients des deux côtés. On fait l’interface entre deux segments de marché, les stations et les skieurs. D’un côté, il faut convaincre les stations de venir vendre leurs forfaits sur notre plateforme. On fait ça en été. L’hiver, on cherche à se faire connaitre auprès des skieurs, communiquer auprès d’eux.

Les premières stations ont été dures à trouver car nous prospections auprès des stations sans avoir de réseau dans le milieu du ski. Nous ne travaillions pas dans l’industrie du ski avant, nous arrivions avec un produit neuf et pas encore développé. Les stations étaient globalement d’accords mais avaient besoin de voir.

Le démarchage initial se faisait au téléphone, nous n’étions pas habitués à cette facette commerciale que nous avons dû apprendre. Le discours se rode petit à petit mais il est difficile de convaincre quelqu’un qu’on ne connait pas par téléphone avec seulement quelques captures d’écran. Les premiers rendez-vous ont été des demi-victoires !

Le côté juridique a été une autre difficulté. D’un point de vue statut, les stations de ski sous le statut de Régie Communal sont considérées comme transports publiques. Les avocats que nous avons consultés nous disaient que c’était de l’argent public, que c’était dangereux et que des autorisations étaient nécessaires.

Cela a entrainé beaucoup de retard, nous avons arrêté la prospections car nous ne savions pas où nous allions. Nous avons aussi décalé le développement pour les même raisons. Au fil du temps, on s’est rendu compte que les stations avaient tout ce qu’il fallait pour qu’on puisse leur vendre des forfaits.

Thibault : Les côtés juridiques et commerciaux sont des aspects dans lesquels nous n’avions pas travaillés ni l’un ni l’autre auparavant.

Michael : C’est vrai que les démarches administratives pourraient être bien plus simples. Mais c’est la France, on savait à quoi s’en tenir ! Pour le financement, nous avons apporté 5000 euros chacun et nous avons emprunté la même somme. Nous avons démarché toutes les banques et avons signé avec celle qui nous a dit oui !

SWiTCH : Quelle a été votre plus grande satisfaction depuis le début de l’aventure ?

Thibault : Probablement quand la première station nous a dit oui, puis au lancement effectif du site, lors des premières vraies commandes.

Michael : C’est vrai que quand la première station a dit oui, c’était une satisfaction. Mais elle ne prend aucun risque de venir avec nous car elle ne s’engage pas. Si notre site ne marche pas, la station n’est pas en péril et ne perd pas de business.

Thibault : Ce que nous n’avons pas expliqué, c’est que nous nous rémunérons à la commission pour ne pas demander de frais d’accès au services ou d’abonnement fixe mensuel. Ceci pour laisser aux stations la liberté de s’en aller quand elles en ont envie. On estime qu’une station qui n’est pas contente ne doit pas avoir les mains liées. Elle n’est pas nécessairement là pour 3 ans.

SWiTCH : Si on résume, vos principales sources de joie ont été le lancement du site web, les premières commandes et la première station qui a dit « oui ».

Michael : Oui et aussi de voir en cette fin de première saison que ça fonctionne car même si on ne gagne pas d’argent, cela couvre nos frais.

Thibault : Oui c’est une victoire mais pour être complètement franc, on a encore pas mal la tête dedans car on continue à faire des améliorations sur le site, on commence à lancer les projets pour l’an prochain. On n’a encore jamais ouvert de bouteille de champagne on se disant «  ça y est c’est bon ». On n’a pas de célébration, on a certes des satisfactions mais pas de célébration ! On continue à avoir la tête dedans et à travailler pour améliorer le produit.

Michael : Ce qui nous fait plaisir aussi, c’est le retour des utilisateurs. Quand ils nous disent que l’interface est sympa, jolie et que ce n’est pas compliqué d’acheter, ça fait plaisir car c’est là-dessus qu’on a bossé. Si derrière les gens trouvent ça simple et intuitif, pour nous l’objectif est rempli.

SWiTCH : Comment voyez-vous votre société dans le futur ?

Michael : Pour cette première saison, le but n’était pas de faire beaucoup d’argent mais de valider que le concept fonctionne.

Le but de la saison suivante est de développer le côté économique, trouver de nouvelles stations, essayer d’enrichir l’offre proposée au skieur, pour que le skieur commence à avoir une sensation de portail unique pour plusieurs stations. Pour la saison prochaine, proposer le site en plusieurs langues pour capter des utilisateurs étrangers qui viennent skier en France.

Pour la troisième saison, démarcher des stations étrangères. Si tout se passe bien juridiquement et économiquement, nous souhaitons développer cette offre à l’international. L’avantage d’un site complètement hébergé est de pouvoir se vendre partout sur le globe

Thibault : Il y d’autre axes de développement sur ces deux prochaines années, pourquoi pas proposer notre processus d’achat en marque blanche pour les stations directement.

On n’avait pas envisagé cette idée initialement, mais on nous a souvent sollicités dans ce sens-là. On est en train de voir comment faire, pour arriver à faire les deux mais sans se tirer une balle dans le pied sur notre plateforme Ski Wallet. Ça peut être un axe de développement de proposer le système de vente en ligne directement à une station.

Michael : L’idée serait de le proposer d’une manière très simple à intégrer par les webmasters des stations directement sur leur site web. Ça va un peu à l’encontre de notre idée mais on peut proposer à la fois à la station d’utiliser notre système en marque blanche et quelle vende ses forfaits sur Ski Wallet, ce qui nous permet de continuer à faire grossir l’offre.

On a été contacté par Nordic France (client de SWiTCH, ndlr) à notre grande surprise, car nous ne sommes pas du tout pratiquants de fond. Nous avons adapté notre offre de manière imprévue mais on s’est adapté joyeusement.

SWiTCH : Quelles sont les valeurs fondamentales de votre entreprise ?

Michael : Les mêmes que ce qu’on essaye de proposer sur Ski Wallet : simplicité et intuitivité.

Thibault : La liberté aussi. Nous sommes très attachés au monde de l’Open Source, la liberté d’expression sur le net nous tient à cœur. On va tout faire pour que ces valeurs se reflètent dans l’image de notre société. C’est le partage, ne pas verrouiller les choses et essayer d’ouvrir les portes au maximum.

Michael : La corolaire est, telle la philosophie Linux, que chaque entité ne fait qu’une seule chose mais le fait très bien. Notre idée est de faire un système de vente de forfaits et ne faire que ça ! On n’a pas envie de tout mélanger.

SWiTCH : Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut monter sa boite ?

Michael : Je ne sais pas si Thibault sera d’accord avec moi, mais pour moi c’est réduire le Time-To-Market. Arriver le plus vite possible sur le marché. Nous avons lancé le site le 15 janvier, après déjà un mois de saison. Je pense qu’il aurait été judicieux de lancer un produit moins abouti mais plus tôt, pour que les early adopters puissent le tester, commencer à jouer avec afin qu’on puisse très rapidement dans le cycle de développement avoir des retours d’utilisateurs.

Thibault : Le retour utilisateur nous fait avancer, c’est très constructif. Hier soir encore, j’ai eu un email d’un utilisateur qui nous signalait un bug à tel endroit. Nous ne pouvons pas tester toutes les versions de tous les navigateurs possibles. Réduire le Time-To-Market est un bon conseil à donner à un entrepreneur qui se lancerait.

SWiTCH : Avez-vous fait du Lean Management ?

Michael : Pas exactement ! On a lancé un produit déjà abouti, on n’a pas eu, comme le Lean Management le voudrait, de Time-To-Market très court pour pouvoir s’orienter en fonction des retours utilisateurs. C’est quelque chose vers lequel on voudrait s’orienter. Aujourd’hui on manque de retour utilisateur, il faut qu’on mette en place plus de système d’analyse de comportement utilisateur.

SWiTCH : Et toi Thibault quel serait ton conseil pour un jeune entrepreneur ?

Thibault : Y croire et ne pas se s’arrêter à la première personne pessimiste, à la première personne qui dit que l’idée existe déjà. Il y a de la place pour beaucoup de personnes, ce n’est pas parce que l’idée a déjà été développée qu’on ne peut pas la développer avec sa propre vision.

Michael : Il y autre chose que je trouve important, c’est le fait d’être à deux. Nous sommes sur Lyon et on rencontre beaucoup d’entrepreneurs, beaucoup se lancent seul. Honnêtement, je ne sais pas si j’aurais osé tout seul car cela demande beaucoup de courage. C’est plus facile à deux, le niveau de motivation permet de se soutenir et de se challenger un peu.

SWiTCH : Quelle est la question qu’on ne vous a pas posé et que vous aimeriez qu’on vous pose ?

Michael : Sur le développement logiciel, il était important pour moi de le concevoir comme si j’allais moi-même utiliser le service ! Se mettre à la place de la personne qui l’utilise, ce qu’ont tendance à oublier les développeurs.

Les utilisateurs ne comprennent pas forcement ce que les développeurs ont voulu faire, il faut toujours se remettre en question par rapport à l’utilisateur lambda. Mon utilisateur test est ma mère !

Thibault : C’est très intéressant de voir comment les personnes qu’on ne connait pas utilisent un logiciel. On se rend compte que quelque chose qui peut être évident pour nous n’est pas forcément intuitif. Ça permet d’améliorer considérablement l’ergonomie du produit.

SWiTCH : Finalement vous avez une approche très Customer Oriented ou Customer Centric ?

Thibault : Oui c’est notre valeur ajoutée, c’est ce qu’on a envie d’insuffler. Simplicité et intuitivité pour l’utilisateur !

SWiTCH : Merci beaucoup et bonne continuation à vous deux !